Le Maestro – comme l’appelle affectueusement Bruno ZARIELLI à la batterie – a déjà pris la route, à peine il entrait. Et de suite, c’est l’effet waouh ! 

Florin NICULESCU2 et son violon nous emmènent sur les routes du jazz manouche. Sa réputation n’est plus à faire, elle va au delà de l’hexagone : Incontestablement, nous sommes devant un géant, un virtuose, un magicien. Et pourtant il est bien là, à Conilhac, petite bourgade de l’Aude

Pour lui, c’est la première fois ! Pour nous, c’est un incroyable émoi !

Comment expliquer l’indescriptible ! Les notes qui sortent de son violon sont magnifiquement sensibles, c’est terriblement gracieux, rapide, unique. Son archet court, court sur les cordes à briser leurs crins, mais rien ne l’arrête. Ses doigts prennent parfois le relai, avec la même aisance à nous faire chavirer le cœur et l’esprit. Maîtrise totale, l’artiste et le violon ne font qu’un.

S’il parle peu, il évoque néanmoins son respect, son bonheur de faire perdurer l’héritage musical acquis auprès de son mentor Stéphane Grappelli, son ami également avec qui il a eu la chance de jouer. Il associe Emma Fisk pour laquelle il a de l’admiration et conclut par  « Je me tais maintenant », alors chut, écoutons notre chanson des rues

Le dialogue avec les instruments éblouit, c’est d’une efficacité redoutable. Et lorsque l’un des musiciens prend la main, c’est pour mieux nous surprendre et amuser Florin Niculescu. Oui, il sourit, même lorsque le solo dure plus que de coutume, car en matière de jazz manouche, l’exploration et l’improvisation priment. A chaque fois, les interprétations diffèrent. Elles sont ici à vous couper le souffle, elles s’accélèrent, elles s’envolent au point que le Maestro dira : « On va se calmer ». Quant à nous public, nous en retenons la chaleur qui en émane, l’excellence de l’exécution, le frisson que ça nous procure, l’énergie qui en jaillit et mille autres sensations indéfinissables mais fort agréables. 

Yves BROUQUI à la Guitare et Bruno ROUSSELET à la contrebasse ne manqueront pas de mouiller la chemise dès lors que le Maître leur cédera la « parole »… Une équipe d’experts, je vous dis, qui porte beau le flambeau d’un jazz virevoltant, innovant, voire diablement spirituel, le Jazz aimé et joué par  Stéphane Grappelli.

Manouche, Florin Niculescu l’est plus encore dans ses compositions : Il propose un morceau dédié à son grand père et qui s’intitule « vieux gitan ». Il en explique la teneur : « Même si l’on vieillit, que les jambes ne vous portent plus, la tête imagine encore et le vieux gitan danse toujours quand la musique s’en vient et il bat la mesure avec sa canne… »

Ce concert était un moment hors du temps, où même les artistes se sont parfois ébaubis. 

Mais comment leurs doigts peuvent-ils bouger avec une telle dextérité ? (Pourquoi cette question ? Il va de soi qu’ils ont la maitrise totale de leurs instruments).

En toute fin, le public était debout pour les applaudir. 

Incroyable concert qui nous rapprochait de l’immense interprète qu’était Stéphane Grappelli sans pour autant gommer l’identité du groupe, formidables artistes qui forment un tout magistral et simplicité de ces hommes qui le composent. 

Alors que la salle se vidait de son public, Ils rangeaient précautionneusement leurs instruments et reprenaient la route en toute discrétion pour animer d’autres scènes. 

Quel beau voyage en terre Manouche ! Ça vous réconcilie avec l’automne.

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