JOURNAL DU FESTIVAL de CONILHAC 2011 Rédacteurs du Journal  : Babeth PORCARELLI, Vicky et Jean Michel CHESSARI, René GRAUBY

Téléchargez le journal au format pdf Philippe LÉOGÉ PORTRAIT D’UN DES MUSICIENS DE CETTE 25ème EDITION
Pianiste, Compositeur, Arrangeur, Orchestrateur, Créateur du mythique BIG-BAND 31, cet artiste aux multiples facettes est devenu aujourd’hui un musicien incontournable de la scène et des studios du Sud de la France. Fin 82, après un séjour  studieux à la Berklee School of Music de Boston et quelques précieux conseils de ses maîtres du moment : Maurice VANDER, Yvan JULIEN et Martial SOLAL, il se spécialise dans l’écriture des cuivres et des cordes et écrit une méthode pour les éditions Oscar Music. Tout au long des années 80/90 se déroulent une multitude de concerts en trio, ou en sideman de Glenn FERRIS, Jimmy GOURLEY, Dee Dee BRIDGEWATER, Serge LAZAREVITCH, Guy LAFITTE, Eric BARRET, Philip CATHERINE, LAVELLE, Silvia DROSTE, Rob Mc CONNELL, Steve GROSSMAN, la CECARELLI Family, Stéphane et Lionel BELMONDO, Michel ROQUES et Claude GUILHOT. Musicien reconnu et apprécié pour son goût de l’éclectisme, il participera aux expériences du Sax machine de Thierry FARRUGIA, du Collectif d’André MINVIELLE et Edmond ZABAL, du groupe Stuff  de Francis BOURREC, du 4tet de Magali PIETRI, du Jazz Unit 5tet de Philippe LAUDET et Richard CALLEJA, du 4tet de Jean-Michel CABROL, du Big-Band BRASS et du collectif de Louis PETRUCCIANI. De 92 à 95 il est l’orchestrateur et le pianiste de l’émission TV « Sacrée soirée » (TF1) et travaille avec une multitude d’artistes tels que Gilbert BÉCAUD, Henri SALVADOR, Barry WHITE et bien d’autres… En 96 Claude NOUGARO lui confie la direction musicale de son spectacle « Chansons fleuves» où il écrit pour un orchestre constitué de l’ensemble Alix BOURBON (80 choristes), un piano et plusieurs percussionnistes d’univers différents. Après une période consacrée au chant, il participe en 99 à la création de la « Missa de Angelis » d’Alain LOUVIER en tant que baryton solo (direction : Daniel TOSI). Il est à l’origine du Festival « Jazz sur son 31 » dont il est le directeur artistique, ainsi que le créateur et programmateur du festival « Aux frontières du Jazz » au palais des Rois de Majorque de Perpignan. Depuis 2002, c’est en piano solo qu’il décide de s’identifier avec 2 albums : « Improvisualisations » et « Live au palais des congrès ». Suivent une série de concerts très remarqués qui le conduisent à être invité en résidence par l’académie de musique de Stuttgart afin de présenter ses « ballades doriennes » au Wilhelma Theater et un engagement en 2009 au prestigieux festival de « Piano aux Jacobins ». Son répertoire actuel intitulé « Impro-Visa-Songs » est un voyage où les réminiscences de mélodies sont autant de prétextes à une improvisation totale et spontanée. En 2007 il reforme le BIG-BAND 31 avec lequel il invite régulièrement des solistes comme Térez MONTCALM, David LINX, Claude EGEA ou Lionel SUAREZ. Projets 2010 et 2011: – Enregistrement en duo avec le saxophoniste Jean-Marc PADOVANI – « Le Jazz et la Pavane » création avec l’ensemble « les saqueboutiers » autour du Jazz et de la musique Baroque. – Collaboration avec le violoniste Pierre BLEUSE au nouveau festival « MusikA Toulouse » axé sur la rencontre entre musiciens français, norvégiens et brésiliens. – Projet de création avec Enzo CORMANN (auteur-récitant) et le 4tet de Jean-Marc PADOVANI autour du film noir. Philippe LÉOGÉ est, depuis plus de 20 ans, régulièrement sollicité pour l’écriture des cordes et des grands orchestres. Sur le plan pédagogique, outre sa participation à la création du département Jazz du CNR de Toulouse en 1988, du CRR de Perpignan en 96 et les master-classes du festival de Marciac, il créé un BIG-BAND 31 « cadet » pour les 10/16 ans issus d’écoles de musique de la Haute- Garonne. Jazz/Conilhac  l’a de nombreuses fois invité avec le BB 31, en solo ou en tant qu’accompagnateur (Trumpet Summit, Abdu Salim), à la cave Jazz ou au Printemps du jazz qu’il honore tous les ans de sa présence. IL a aussi apporté sa patte à la création puisqu’il était présent lors de la création « Jazz/Conilhac fait son jazz » et pour un duo resté dans toutes les mémoires avec Gérard Poncin en 2007. Pour 2011, Philippe sera présent en ouverture avec le BB31 et David LINX, à la cave le 4 novembre avec ses vieux complices J. Adamo et M. Calvayrac et lors de la soirée vocale du 5 novembre où il accompagnera Ghost Notes pour une belle surprise et un morceau d’anthologie
LES CHANTS MAGNETIQUES DU JAZZMAN DAVID LINX
Difficile d’imaginer le vocaliste David Linx autrement qu’enfiévré. Voire véhément. Nous avons rendez-vous dans le hall d’un hôtel place de la République. Il prend feu quand j’aborde son dernier disque, avec l’organiste Rhoda Scott : «elle m’a rendu à moi-même. J’ai senti que nous devions entrer en studio. J’ai construit un répertoire autour d’elle.» Le résultat, Rock my Boat, sur le label Naïve. Séduisant comme une belle bâtisse au bord d’un chemin de Toscane. Une surprise toute relative quand on connaît le potentiel des artistes susdits. Quand un vocaliste exceptionnel rencontre une organiste en période de grâce, le public bénéficie forcément d’un programme de choix. David Linx fait exploser chaque salle qui le programme depuis une dizaine d’années, et l’orgue Hammond B3 de Rhoda Scott (73 ans) régale à nouveau depuis quelques années les scènes de la planète. Ce petit bijou de balancement et de poésie résulte d’une heureuse union, bénie par une distribution haut-de-gamme. Le seul morceau Yesternow suffit à en juger, transfiguré par les saxophones de Julien Lourau. Et les atmosphères du guitariste Nguyen Lê, très présent sur l’album. Autant de jazzmen à la fois maîtres et valets dans les palais majestueux de la syntaxe du chanteur belge. «Nous avons communiqué par le rythme. Je leur ai accordé toute spontanéité». La musique est aussi homogène qu’un bon vieil opus de funk. Et pourtant quelle fraîcheur! Créative également, la batterie d’André Ceccarelli, en euphorie et complice. Linx joue avec les mots: «Je me suis comporté en dictateur, tant j’ai poussé l’exigence». Qu’on ne se méprenne pas. C’est pour emmener les protagonistes au fond de son idée que le quadra maître de l’art a «mis la pression». Comme pour connecter les protagonistes avec ses tripes. Les souffleurs Paolo Fresu (bugle) et Steve Houben (sax alto), se prêtent au don. Singulière alchimie allumée par le «coup de foudre musical», selon sa propre expression, entre le Bruxellois et l’Américaine, forts chacun d’un considérable vécu français (Linx habite sous la Butte Montmartre; Rhoda vient de vivre un paquet d’années dans le Perche). Quand Linx se met à chauffer, on frémit. Il représente, avec le Chicagoan Kurt Elling, l’incarnation actuelle du scat abouti; on dirait que la gravitation perd ses repères. Comme si les feuilles d’automne virevoltaient vers les cieux plutôt que de tomber au sol. Le public français s’en rend compte; il se lève à chaque prestation, et réserve au brasier ambulant un triomphe. Cette ferveur n’empêche pas le perfectionniste de se plaindre: «S‘atteler à l’architecture d’un répertoire n’a rien d’aisé. Ce qui me conforte? J’ai débuté tôt». Dans les années 80 précisément, sous la bénédiction de l’écrivain James Baldwin. Puis en duo avec le pianiste Diederick Wissels, qui compose avec lui plusieurs titres présents dans l’album. Tel When the Rivers Join, dédié à un ami. Interprétation incomparable. Le sens social des chansons le préoccupe. Il évoque la vie, la mort, l’amour, et l’amitié. Déplore avec humour le vide des paroles de la jeune génération: «à côté de certains, Ella Fitzgerald est un Punk». Un duo de charme avec le Brésilien Lenine clôture le disque. Linx a atteint une maturité éclatante. Il veut faire le point sur sa carrière. Je l’arrête. Il est trop tôt, David. Attends encore avant de commencer l’inventaire. On attend d’autres enthousiasmes… et de nouvelles merveilles. Bruno Pfeiffer (« Libération «  du 29/09/2011)
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